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5 février 2024

Brucellose canine à la hausse : les vétérinaires britanniques réclament des règles d'importation plus strictes

par Karin De Lange

Temps de lecture  5 min

Au Royaume-Uni, l'augmentation de cas importés d'infection à Brucella canis a mené la profession vétérinaire à demander un renforcement des règles d'importation des chiens, surtout si originaire de pays enzootiques pour cette infection comme d'autres maladies exotiques (cliché Alexas/Pexels).
Au Royaume-Uni, l'augmentation de cas importés d'infection à Brucella canis a mené la profession vétérinaire à demander un renforcement des règles d'importation des chiens, surtout si originaire de pays enzootiques pour cette infection comme d'autres maladies exotiques (cliché Alexas/Pexels).
 

Avec d'autres organismes vétérinaires nationales, la British Veterinary Association (BVA) appelle le gouvernement à introduire des « tests de dépistage obligatoires appropriés avant l'importation » de chiens et à renforcer les mouvements en provenance de pays présentant des niveaux élevés de maladies « exotiques » comme la brucellose canine. Brucella canis peut entraîner des maladies douloureuses et chroniques chez les chiens, présenter un risque potentiel pour la santé des humains et des autres chiens exposés à l'animal infecté. Le traitement échoue souvent et, dans de nombreux cas, pour protéger le bien-être des animaux, la seule option est l'euthanasie. Au cours des quatre dernières années, il y a eu une augmentation du nombre de cas brucellose canine identifiés au Royaume-Uni : de seulement trois avant 2020, le décompte officiel de cas est à 240 sur les trois dernières années. Les chiens en question étaient tous des cas importés, ayant séjourné à l'étranger, ou mis à la reproduction avec un chien importé. En 2022, le premier cas de transmission du chien à l'homme a été observé au Royaume-Uni, mettant en lumière les risques pour ceux qui manipulent et traitent les chiens infectés et inquiétant les équipes vétérinaires, bien que ce risque soit jugé relativement faible.

Tester et surveiller les chiens des pays « enzootiques »

Dans sa nouvelle position commune sur Brucella canis, publiée le 19 janvier dernier, la BVA, avec la British Small Animal Veterinary Association (BSAVA), la Society for Practicing Veterinary Surgeons (SPVS) et la British Veterinary Nursing Association (BVNA), exhorte le gouvernement britannique à :

  • Restreindre la circulation des chiens en provenance de pays enzootiques pour des maladies qui ne sont pas actuellement considérées comme telles au Royaume-Uni, comme la brucellose canine, la babésiose ou l'ehrlichiose. Selon cette déclaration, l'importation ne devrait être autorisée qu'après avoir effectué une évaluation des risques appropriée, pour déterminer pour quels pays et maladies les tests doivent être mis en œuvre.
  • Mettre en place des tests appropriés pour toute maladie pertinente, en tant qu'exigence obligatoire pour les chiens avant de voyager vers le Royaume-Uni.
  • Tenir un registre complet de tous les contrôles aux ports d'entrée, de l'identification des animaux et des résultats du diagnostic pour alimenter les données de surveillance du Royaume-Uni sur les maladies couvertes par PETS (Pet Travel Scheme, la politique encadrant la circulation d'animaux de compagnie de l'UE27 vers le Royaume-Uni) et celles qui ne sont pas considérées comme enzootiques pour le Royaume-Uni.
  • Améliorer les contrôles aux frontières et renforcer l'application de la loi pour empêcher l'importation de chiots et de chiennes gestantes. Cela réduirait davantage le risque d'entrée de B. canis au Royaume-Uni, car il existe un risque accru de transmission associé à la gestation et à l'avortement. Cela améliorerait également les vérifications avant l'importation, car les résultats des tests chez les jeunes chiens sont souvent moins fiables.
  • Mener plus de recherches sur B. canis, sur la base des lacunes dans les données identifiées par l'évaluation des risques dans le rapport de l'agence britannique de sécurité sanitaire, UKHSA HAIRS, publié en septembre dernier.

Une approche proactive est cruciale, selon les vétérinaires

« La profession est inquiète du manque de contrôles adéquats pour les maladies potentiellement zoonotiques entrant dans notre pays via des chiens importés », souligne Anna Judson, présidente de la BVA. « Étant donné que Brucella canis n'est actuellement pas considérée comme répandue au Royaume-Uni, une approche proactive mettant l'accent sur la réduction du risque d'introduction de cette maladie et d'autres maladies exotiques inquiétantes est cruciale. En prenant des mesures proactives pour minimiser son introduction, nous pouvons mieux protéger la santé et le bien-être des chiens britanniques et minimiser les défis liés au traitement des cas suspects une fois qu'ils ont atteint nos côtes ». Les recommandations de la nouvelle position politique examinent attentivement les conclusions du rapport de la UKHSA, qui classait le risque pour le grand public comme « très faible » et celui pour les équipes vétérinaires et les propriétaires de chiens infectés, comme « faible ».

« Qualité de vie plutôt que longévité » des chiens infectés

La déclaration comprend également une série de recommandations et de ressources sur le diagnostic, le dépistage et la prise en charge de chiens infectés par B. canis. Certaines des 13 recommandations s'adressent aux praticiens :

  • qu'ils utilisent leur jugement clinique pour prendre une décision contextualisée concernant les tests de dépistage de B. canis, en fonction de l'évaluation des risques, des conversations avec le propriétaire de l'animal et des explications de la présente déclaration ;
  • qu'ils informent les propriétaires des coûts associés et des résultats potentiels, avant que les tests ne soient effectués, afin de garantir un consentement éclairé ;
  • qu'ils utilisent les tests sérologiques B. canis SAT et iELISA dans la plupart des cas pour déterminer le statut infectieux d'un chien, à l'aide d'échantillons de sang prélevés trois mois après une infection potentielle. Le document souligne également que « les tests sérologiques seuls ne doivent pas être utilisés pour confirmer l'infection, et les résultats doivent interprétés à la lumière des preuves supplémentaires, telles que les signes cliniques, les antécédents de mouvement et la probabilité d'exposition à l'infection » ;
  • qu'ils évaluent les risques au cas par cas lors d'une décision de traitement ou d'euthanasie, après confirmation de l'infection par B. canis. La qualité de vie et l'impact potentiel sur ce chien, les autres chiens et les personnes de son entourage doivent primer sur la longévité du chien infecté ;
  • qu'ils travaillent à améliorer la sensibilisation des équipes vétérinaires et des propriétaire d'animaux aux signes cliniques et aux facteurs de risque de la brucellose, pour aider à gérer et à minimiser sa propagation.

Ressources pour vétérinaires

« Le fait qu'un chien puisse être porteur asymptomatique de B. canis avec des signes cliniques ambigus crée un certain degré d'incertitude pour les vétérinaires et les propriétaires d'animaux », rappelle le président de la BSAVA, Carl Gorman. « Le document d'information scientifique de la BSAVA, ainsi que les ressources de l'APHA fournissent des informations pertinentes pour les équipes vétérinaires. Nous encourageons leur utilisation par les praticiens, pour appuyer leur prise de décision. Les vétérinaires sont également bien placés pour aider à éduquer les propriétaires et à les sensibiliser non seulement à l'impact qu'un chien infecté peut avoir sur la communauté, mais aussi sur la manière de minimiser la propagation de la maladie ». Et Anna Judson d'ajouter : « les tests et la prise de décision pour les cas suspects ou confirmés de B. canis peuvent être compliqués et difficiles. C'est pourquoi nous recommandons les vétérinaires à utiliser les informations sur l'évaluation des risques fournies par l'APHA, la BSAVA et la BVA lors de la prise de décision ».